Quid est veritas
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Le 79 rue Cardinal-Lemoine était une des maisons de rapport de la Congrégation des Pères de la Doctrine chrétienne (fondés en 1562, installés 69 à 79 rue du Cardinal-Lemoine en 1627 dans l'ancien hôtel dit de Verberie, démoli et remplacé de 1630 à 1650) (Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, t. I, p. 272).
La rue du Cardinal Lemoine fut formée en 1868 par la réunion de deux rues situées de part et d'autre de la rue des Écoles. Percée de 1845 à 1852 sur l'emplacement du collège dudit Cardinal. Celle qui est située au sud de la rue des Écoles fit d'abord partie du simple chemin qui suivait extérieurement l'enceinte de Philippe Auguste depuis la Seine jusqu'à la place de la Contrescarpe. Le fossé de cette enceinte fut comblé en 1684 et ce comblement donna naissance aux rues suivantes : de la rue des Écoles à la rue Thouin, la rue des Fossés-Saint-Victor et, enfin, de la rue Thouin à la rue Tournefort, la rue de la Contrescarpe-Saint-Marcel. La rue des Fossés-Saint-Victor s'appela aussi rue des Pères de la Doctrine Chrétienne. La rue des Fossés-Saint-Victor et une partie de la rue de la Contrescarpe-Saint-Marcel furent fusionnées en 1868 sous le nom du Cardinal-Lemoine étendu, comme il a été dit. [Dictionnaire historique des rues de Paris par Jacques Hillairet]
L'on retrouva un acte, en date du 28 juillet 1545. Catherine Le Jeune, veuve de Hugues Matyvat et auparavant de Jean Le Prince, demeurant sur les fossés d'entre les portes Bordelle et Saint-Victor-lez-Paris : donation à Marguerite Le Prince, veuve de Jean Matyvat, maître couturier et tailleur de robes, sa fille, de deux maisons sur les fossés d'entre les portes Bordelle et Saint-Victor-lez-Paris. Ainsi, sur les fossés de la ville, entre les portes Bordelle et Saint-Victor, un homme fit acquisition de ces terrains, sous les anciens remparts et fossés de la ville, le Prince des Poètes, nommé ainsi à la mort de Ronsard, né en 1546 en la ville de Chartres, Philippe Des Portes, bien aymé et favori poëte. Secrétaire de chancellerie en Pologne, puis lecteur du cabinet du Très-Chrétien Roy Henri IIIe, il écrivit pour Sa Majesté des sonnets destinés à ses maîtresses comme des dévotions toutes spirituelles. Aussi protecteur des lettres, établi à la fin des années 1580 dans le faubourg Saint-Victor, chez Baïf, quoique membre de l'Oratoire Notre-Dame de Vie-saine, sis dans le bois de Vincennes, le poète favori du dernier Valois-Angoulême, qui le suivit jusqu'à Cracovie, composa pour lui plaire un O quam dilecta tabernacula tua à sa mort. Ainsi, pour se consoler de la mort de son Roi assassiné le 1er aoust 1589 par le moine fanatique Jacques Clément, à Saint-Cloud, il fonda le Cabaret de l'Eurydice afin d'y réciter ses vers et chanter la grandeur de son Roi devenu martyr. Ledit Cabaret résonne encore dedans des vers d'icelui. Goûtez plutôt la beauté de ces quelques extraits :
`Je veux jurer ces vers qui rendront tesmoignages
Ou de mon inconstance, ou de ma ferme foy,
En présence d'amour mon grand maistre et mon Roy,
Qui peut lire en mon cœur si traistre est mon langage`,
`L'heur du monde n'est rien qu'une roue inconstante,
D'un labeur éternel montant et descendant :
Honneur, plaisir, profict, les esprits desbordant,
Tout est vent, songe et nue et folie évidente.`,
`Ne crain point, quand tu vois l'homme qui s'enrichit,
Et que de sa maison la gloire est augmentée,
Il n'en serrera rien ; la mort ne se fleschit :
Ny splendeur ny richesse avec luy n'est portée.